
Synopsis : Dans le règne animal, les bêtes ne s’aiment pas, mais ne se détestent pas non plus. Un tout universel, un ensemble suprême qu’on pourrait appeler le divin ou encore l’amour, l’amour que l’homme n’atteindra jamais
Critique : Love est une série qui a débuté il y a 10 ans chez Ankama et qui fut stoppée après 4 tomes. Glénat a racheté les droits de cette BD et réédite le tout dans sa collection Vents d’Ouest avec, en prime, un 5ème tome inédit. Cette série est vraiment très particulière ce qui est positif dans le sens où elle se démarque dans l’immensité que représente le monde de la BD, mais, à côté de cela, elle aura du mal à convaincre un large public. Cette série est composée de tomes totalement indépendants les uns des autres et qui peuvent se lire dans le sens que l’on désire, ce qui est un plus notamment pour les lecteurs en bibliothèques. Il n’y a aucun texte dans ces histoires. L’absence de bulle est logique car on suit des animaux dans un aspect de réalité ce qui induit le fait qu’ils ne parlent pas. Plus étonnant, il n’y a pas non plus de récitatif ou de cartouche. Dans la plupart des séries dites muettes on a quand même des textes explicatifs du narrateur, ici il n’y a vraiment aucun texte. Le point commun à toutes ces histoires c’est le règne animal. On croise très brièvement des humains dans certains récits mais ils ne font que des apparitions et non aucune emprise sur l’histoire. Chaque histoire va aborder un écosystème différent et donc mettre en avant des animaux différents. Ce sont des récits contemplatifs où il faudra se forcer à prendre le temps de s’imprégner visuellement de chaque image sous peine de devoir faire des aller-retours réguliers. L’absence de texte fait que même en prenant bien le temps de tout analyser, « la lecture » se fera très vite, vous pouvez enchaîner les 5 tomes en moins d’une heure. Malgré un titre mignon (Love) ce que nous montre avant tout les auteurs dans ces pages c’est la cruauté d’un monde animal où chacun lutte pour sa survie avec ses propres moyens. Où le terme de Love prend son sens c’est que malgré cette cruauté omniprésente l’amour a toujours sa place que ce soit celui d’une mère envers ses petits ou celui entre deux animaux qui malgré les différences se retrouvent complémentaires dans une optique de survie. La force de ces récits c’est que, comme il n’y a aucune indication par les auteurs, chacun doit se les approprier et créer lui-même sa propre histoire en combinant ses propres idées philosophiques et sa vision du monde animal. C’est une force claire mais c’est aussi une faiblesse car cette gymnastique de l’esprit n’est pas accessible à tous et beaucoup de personnes ne comprendront pas l’intérêt de cette série. Je dirais aussi qu’il y a des tomes plus intéressants que d’autres, le dernier sur le molosse est pour moi le meilleur à ce niveau là. Il y en a aussi qui sont plus complexes, notamment par le fait que de nombreux animaux de la même espèces sont présents dans la même histoire et qu’il est donc difficile de les différencier et du coup de pouvoir s’évader (le lion et les dinosaures sont dans cette catégorie). C’est une série tellement spéciale que chacun doit l’essayer et se faire sa propre opinion. Pour ma part, j’ai apprécié les caractéristiques et le travail intellectuel et philosophique autour de ces histoires mais il me manque quelque chose pour adouber totalement cette série.
Ma note : 7.5/10.